Érasme dans le XXIe siècle. Séductions d’une écriture. Actes de la Journée Érasme du 28 mai 2011. Sous la direction de Cécilia SUZZONI. Éditions Kimé, 2012.
« C’est dans le cadre des activités de l’ALLE, Association le latin dans les littératures européennes qu’a été organisée cette journée Érasme dans le XXIème siècle , séductions d’une écriture, qui a connu une très belle affluence, dans la salle des conférences du lycée Henri IV. En effet, cette association, créée à l’initiative de professeurs des Classes Préparatoires littéraires des lycées Henri IV et Louis le Grand, peut-être parce qu’elle promeut un latin débarrassé de tout « patriotisme » disciplinaire, de tout complexe frileux ou obsidional, un latin au service de toutes les disciplines de la mémoire et du langage (comme l’indique la composition plurielle de son bureau, qui réunit lettres classiques, modernes, philosophie, etc.), connaît depuis sa création en 2008, inaugurée par le poète Yves Bonnefoy, un succès que l’on pourrait dire proprement intempestif, par les temps qui courent, et qui ne cesse de grandir, avec désormais une vingtaine de conférences à son actif (En page d’accueil de son site, http://www.sitealle.com, la liste des conférences de l’année 2011/2012, et menu principal , gauche, tous les renseignements qui la concernent, dont sa Charte, son comité d’honneur, et la liste de ses soutiens et conférenciers). D’où l’idée de cette journée consacrée à celui dont le nom (un nom qui « numquam peribit » – avait prédit son ami anglais John Colet –) reste associé à celui d’une Europe, en pleine effervescence intellectuelle, et qui a mis le latin, un latin vivant, tout à la fois élégant et familier, décomplexé, au service de tous les grands combats modernes de son époque.
Érasme aura œuvré sans relâche, soucieux de transcender tous les clivages, dans un esprit tout à la fois tolérant et exigeant, et dans une écriture qui allie subtilement savoir et saveur. Cet Érasme, auquel doivent leur nom ces programmes Erasmus qui fleurissent dans l’Europe d’aujourd’hui, méritait d’autant plus cet hommage que deux événements venaient en appuyer l’idée : la parution pour la première fois en France , dans la version bilingue, latin-français, des Adages, cette œuvre immense, au foudroyant succès, sous la direction de Jean-Christophe Saladin, Directeur de la Collection Le miroir des Humanistes , aux Belles Lettres, et le cinquième centenaire de la première publication de l’Éloge de la folie, cette œuvre qui devait devenir en Europe un véritable laboratoire de la littérature moderne (cette journée fait bien sûr sa part, entre autres, à chacun de ces événements). Elle donne la parole à d’éminents spécialistes de cet auteur qui ont eu à cœur de faire valoir tour à tour l’intérêt à ne pas laisser « embaumé de poussière » ce « Prince de l’humanisme », ce « Précepteur de l’Europe », dont il est raisonnable et légitime, on oserait dire aujourd’hui urgent, de réactiver la belle mémoire. »
Sans le latin…, Paris, Fayard-Mille et une nuits, 2013.
Un riche recueil des seize premières conférences de l’ALLE, préfacé par Rémi Brague, postfacé par Yves Bonnefoy et précédé d’un avant-propos de Cécilia Suzzoni et d’Hubert Aupetit.
« Sans le latin, sans le latin, la messe nous emmerde » chantait Georges Brassens. Après lui, malheureusement, l’ennui a gagné du terrain, à commencer par celui de l’école, au point que c’est le sens même de notre langue qui finit par se perdre. Le latin est la langue mère du français et la conscience de l’Europe. Que goûter de la culture, que comprendre de l’histoire, que savoir de la science et de son évolution, si l’on renie cette filiation ?
Alors qu’on exalte le patrimoine avec fébrilité, on liquide, avec une logique soft de taliban, tout ce qui fait l’enracinement du français dans son passé. Sans le latin, c’est tout bonnement notre « roman familial » qui devient illisible. Raconter cette histoire, ce n’est pas idéaliser une sorte d’épopée nationale. C’est se montrer d’abord attentif aux avatars linguistiques et littéraires d’un français qui s’est édifié sous l’égide et la tutelle éclairée de la langue latine.
Chasser le latin, comme on le fait actuellement dans l’enseignement secondaire par toutes sortes de moyens directs ou détournés, c’est désapprendre le français. Organiser la disparition des filières qui permettaient de maintenir un bon noyau de langue et de culture latines chez les enfants de France, c’est rendre inaccessible aux générations futures notre patrimoine littéraire, philosophique et historique ; c’est ramener le français à un simple outil de communication, qui perd toute chance de s’affirmer dans un monde dont la plupart des communications sont désormais assurées dans un anglais pauvre mais commun. On peut rêver : quel président, quel ministre courageux oseront enfin renverser la tendance en instituant le fait latin à l’intérieur même de l’enseignement du français ?
Seize auteurs, poètes, écrivains et professeurs attachés à des institutions prestigieuses, rappellent avec érudition et simplicité que le latin est encore une langue vivante non seulement en poésie et en littérature, mais aussi en médecine, en science, en droit, en politique, en philosophie, et ce dans tous les pays européens. »
Voici le sommaire de cet ouvrage savoureux de 420 pages, vendu 20 € :
Préliminaires
Sans le latin…
Avant- propos par Cécilia Suzzoni et Hubert Aupetit, p. 9
Perdre son latin
Préface par Rémi Brague, p. 51
Conférences
Le latin, langue philosophique ?
par Vincent Descombes et par Denis Kambouchner, p. 65
La Voie romaine
par Rémi Brague, p. 93
Rome comme problème philosophique
par Pierre Manent, p. 105
Le jeu du latin dans la poésie anglaise
par Michael Edwards, p. 123
« … Je mettrai en branle l’Achéron » : une citation de Virgile, de Goethe
et de Schiller à L’Interprétation des rêves de Freud
par Jacques Le Rider, p. 139
Le rôle du latin dans la Renaissance italienne
par Yves Hersant, p. 157
L’humanisme de Cervantès
par Jean Canavaggio, p. 169
« Macte animo, generose puer… »
par Michel Deguy, p. 209
Victor Hugo, latiniste et poète
par Romain Vignest, p. 223
Le latin dans la traversée des savoirs
par Jackie Pigeaud, p. 247
Le latin des documents pontificaux et de la Curie romaine
par Mgr Waldemar Turek, p. 291
Le temps d’Augustin et le nôtre
par Frédéric Boyer, p. 319
Les dieux des Romains
par John Scheid, p. 329
Le double destin des études classiques
par François Hartog, p. 353
Postface
Le latin, la démocratie, la poésie
par Yves Bonnefoy, p. 385
Faisons un rêve
par Cécilia Suzzoni et Hubert Aupetit, p. 395
Sur les auteurs, p. 399
Le Bon air latin, Paris, Fayard, 2016.
Revue de presse
– Pierre Assouline, éditorial du Magazine littéraire (juillet-août 2016) sous le titre « Le cœur palpitant du français ».
– Le Figaro des 2 et 14 septembre 2016, avec Michel Zink : Le bon air latin au secours du français.
– Sur le site Avenir Latin-grec avec une interview d’ Olivier Rey, 12 octobre 2016 : sur Le rôle du latin dans l’acquisition des savoirs.
-Figures libres de Roger-Pol Droit, Le Monde du 8 septembre 2016 : Avec Latin -grec ou sans (à propos du Bon air latin et de De la nécessité du grec et du latin), d ‘Alain Rey et Gilles Siouffi.
-Contre la politique de l’oubli, de Julie Clarini, Le bon air latin, dans Le Monde du vendredi 28 octobre 2016.
Dans ce même numéro du Monde du 28 octobre, une tribune de Cécilia Suzzoni : Rester en prise avec notre héritage (Dans le cadre du Forum du Mans des 4, 5, 6 novembre 2016)
-Dix bonnes raisons d’apprendre le latin, de Jacques Drillon, dans l’OBS du 01/07 décembre 2016
– Une Recension de Pierre Cabannes, dans la revue Historiens/Géographes , septembre/octobre 2016
-Le grec et le latin à tous les coins du français, par Pol Charles, dans Lectures Cultures, janvier/février 2017, p .40-41
-Le latin rend libre par Frédéric Ernst , dans la revue en ligne EaN, En attendant Nadeau, journal de la littérature et des arts, http://www.en-attendant-nadeau.fr
– « Tite-Live ne fait pas le buzz », par Stéphane Zékian, Nouvelle quinzaine littéraire, n°1070, avril 2017. Cliquez ici.